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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 01:02

 

Après 2 mois à voyager à travers la Tasmanie et à chercher en même temps du travail dans les fermes, je décroche finalement un job pour du picking de brocolis à Devonport au nord.
C'est difficle mais plutôt bien payé (il est rare de trouver du picking payé à l'heure en Australie), 20$/h avec en plus 9% du salaire reversé sur un fond de retraite, et des semaines de 50 à 65h.

Le tout est de réussir à garder sa place ...

En effet, l'équipe est composée à 99% d'asiatiques, la majorité des français se fait virer au bout de 2 jours, nous n'avons pas vraiment une réputation de "hard worker" : partisants du moindre effort, énormément de français en font un minimum dès que le superviseur n'est pas là ... mais les chauffeurs de tracteurs veillent....

Fucking French, voila une expression que je n'aurai de cesse d'entendre pendant tout mon séjour ici.
 

Payé à l'heure, oui, mais il faut faire du rendement : la moyenne est de 8 000 brocolis cueillis par un pickeur sur une journée de 10h.
C'est donc avec 2 français, 1 irlandaise, 1 suedois et .... 25 tawainais que je travaillerais pendant les 2 mois suivants.

Le brocolis se trouve a 30cm du sol et il y en a tous les 10cm. il faut le couper a environ 5cm de sa base, une coupe droite, puis retirer les feuilles et jeter (violemment ou non) l'animal dans une des bin (bennes) du tracteur qui nous suit.

Il y a 3 coupes qui se suivent à plusieurs jours d'intervalles :
1st : on ne ramasse que les gros (plus gros qu'une main)
2nd : on ramasse la taille un peu en dessous
3rd : on ramasse tout le reste.

 

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En fonction de la superficie du champ et de la quantité à ramasser, chaque personne a 1 à 2 rangées de brocolis à picker (cueillir).
Nous devons supportés les humeurs des chauffeurs de tracteurs qui tantôt nous poussent pour aller plus vite à manquer nous ecraser ou tantôt nous mettent la musique à fond selon les jours ...
Heureusement l'ambiance est bonne et on rigole bien.

A devonport les premières semaines, nous partons ensuite travailler dans les champs à Cressy, à environ 150km dans les terres.


Une partie de l'équipe loge dans une auberge de jeunesse à Poatina, petit village au milieu des montagnes:


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Pas vraiment une auberge en fait mais un complexe hôtelier dans un immeuble des années 50 qui proposent des chambres à bas prix, avec 2 douches ...et.... une cuisine de 5m2 et 2 plaques électriques pour 20 personnes ! Je vous laisse imaginer 20 personnes levées depuis 5h du mat, qui reviennent de 10h de boulot et qui doivent tous non seulement cuisiner leur repas du soir mais aussi celui du midi pour le lendemain ! Surtout que nos amis les asiatiques ne sont pas du genre riz et pâtes en 10mn, mais plutôt viande (en quantité invraisemblable!), sauce, légumes pendant des heures et des heures...

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Pas vraiment un village non plus mais une communauté religieuse. On apprendra par la suite que le leader de la communauté a commis un meurtre 2 ans auparavant et que c'est pour cette raison que le village est à moitié vide, et le complex hotelier en vente.
Mais le cadre est magnifique, au milieu des montagnes, les gens de l'hotel très sympa et accueillants.
Le gros inconvénient, on fait 60 bornes par jour pour aller bosser... bonjour les frais d'essence.

Voila une journée type : levé à 5h15, départ de l'hôtel à 6h15, arrivée dans les champs à 6h45, le temps d'enfiler les bottes, pantalon, gants pour commencer à bosser à 7h. Break de 15mn à 10h, Pause de 30mn (décomptée du temps de travail) pour manger à 13h, break de 15mn à 15h30, fin du boulot vers 17h30, retour à l'auberge, course pour avoir de l'eau chaude à la douche, cauchemar pour accéder à la cuisine, se faire à manger pour le soir et préparer le repas du lendemain midi, à 21h tout le monde au lit....
Pendant les Day Off (jours non travaillés), et ben... on dort...on mange...on dort....on mange....on dort...
Les journées et les semaines défilent rapidement.

 

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 Les deux dernières semaines, je travaillerais en équipe de 4 sur l'Harvester, une machine qui coupe et envoie les brocolis sur un tapis roulant. Notre boulot est donc de les trier, recouper et envoyer les bons brocolis dans les bins qui sont devant nous. Beaucoup plus facile que le picking à la main ! si ce n'est que la machine est capricieuse et tombe souvent en panne. Elle n'est utilisée que pour le dernier passage dans les champs car tous les brocolis sont coupés, et à hauteur fixe.

 

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Par contre En terme de sécurité, c'est carrément : Zéro Pointé.

"si tu te coupes, arrêtes immédiatement de bosser car le client n'appécierai pas d'avoir du sang sur son brocolis !" voilà la seule recommandation que j'aurai ma première journée de travail !
Les chauffeurs de tracteurs descendent régulièrement pour égaliser les volumes dans les bennes à l'arrière, laissant le tracteur en marche automatique alors qu'il y a plusieurs personnes qui travaillent juste devant.
Les alarmes qui sont sensées sonner lors des manoeuvres des tracteurs et des remorques sont inhibées.
Lors des pauses, on nous ramène à nos voitures entassés entre les bennes dans les remorques, le couteau à la main... les gens s'assoient sur les fourches et les barres d'attellages.

Alors même si ça fait 15 ans qu'ils travaillent comme ça sans accident, ce qui devait forcément arriver arriva...

Un matin alors que nous faisons la pause de 10h, comme d'habitude plusieurs personnes s'assoient sur les barres d'attelage entre le tracteur et la remorque transportant les bennes remplis de brocolis. Comme d'habitude, ça n'empêche pas le conducteur de démarrer et conduire à vive à allure, une bosse, un trou et c'est la catastrophe. L'une des filles chute de la barre d'attelage, la remorque de plusieurs tonnes lui roule dessus. Le superviseur refuse d'appeller une ambulance et malgré les recommandations de plusieurs personnes déplace la fille pour la mettre dans dans sa voiture et l'emmener à l'hôpital. Elle aura une hanche brisée et l'autre fracturée.
Les jours suivants, les 2 principaux témoins ayant vu la scène, le français et l'irlandaise seront menacés par le boss qui ne veut prendre aucune responsabilité. 10 jours plus tard ils se feront virés pour avoir rédiger un rapport sur les circonstances de l'accident.
Les conséquences ? le département de sécurité leur demandera de mettre des autocollants sur les barres d'attelages, on nous fera signer un papier comme quoi nous sommes responsables de nos actes sur le lieu de travail, rien ne changera dans leur manière de travailler...

 

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Après 2 mois de boulot, il commence à faire sérieusement froid le matin (-2°C), le compte en banque est plein, il est temps de partir ! Je quitte donc la Tasmanie pour retourner sur Melbourne et commencer à remontée la côte Est pour retrouver le soleil !

 

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Le brocolis en chiffres :

0 safety
1 accident
6$/kg en supermarché
20$/h
500 bin, soit 200 T, le record cette saison, en 10h, ramassé par 24 personnes
8 000 brocolis , c'est la moyenne pour un picker sur une journée de 10h

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